Le nom de Nargy va apparaître officiellement au XIIème au moment où il va entrer dans le domaine de l’Abbé de Ferrières entre 1103 et 1147.
Jean 1er abbé de Ferrières demanda en 1147 au pape Eugène III une bulle de protection. "Les bulles papales ont fait la prospérité des monastères au moyen âge. L'autorité des papes appuyée sur le sentiment religieux des populations, était alors la plus ferme et la plus vénérée qui fut au monde" 1
Cette bulle accordée par Eugène III en 1147 cite les biens que possède le monastère de Ferrières et parmi les églises se trouve celle de S. Stéphani de Nergiaco, c’est à dire l'église Saint Etienne de Nargis.
Dans la bulle suivante du pape Adrien IV de 1156, se trouve l'église S. Germani de Nargiaco. L'église de Nargis semble être passée d'un vocable à un autre mais à ce jour aucune justification n'a été trouvée sur ce changement. De nos jours, l'église de Nargis est toujours dédiée à Saint Germain.
1 Abbé Eugène JAROSSAY, Histoire d'une abbaye à travers les siècles, Ferrières en Gâtinais, Orléans, 1901
Nargis à la veille de la Révolution, est une petite bourgade de 140 feux soit environ 500-600 habitants.
Le bourg est séparé en deux quartiers - quartier de l'administration et quartier du pont de Nargis. Peu de rues sont nommées, il est vrai qu'elles sont peu nombreuses. Ce sont la rue des Juifs et la rue de la Grande Croix reliant la place de l'église à la place de la Croix Blanche.
La population est éparpillée dans des hameaux dont les noms n'évolueront plus ou peu quant à leur orthographe : Toury, Pithurin, le Martroy, les Paysans, Villiers, les Traversains, Beaulieu, le Sapin ou Petit Angluze, Angluze, Cornou, les Gourdets, Bois de Vaux et Château-Chat. Seul le lieu-dit la Loge regroupant deux ou trois chaumières a aujourd'hui disparu. Quelques habitations ici et là, forment les lieux-dits du Frainoy-Gallier, du Marchais-Lepinoy, des Inglées.
De nombreux chemins, voies essentielles de communication, traversent la paroisse: chemin de Cassebiote, de Cornou à la Croix aux Rats, de Cornou aux Inglées, de Cornou au Pont de Vaux, de Cornou aux Gourdets, du Pont de Nargis à Préfontaines, de Beaulieu à la Croix Marie etc... Celui qui passe à la Rabe aux Chats s'appelle chemin des Paysans. Il existe le chemin de la Branloire, le chemin des Morts, celui des Petits Prés, sans oublier le fameux chemin de César, vieille autoroute de l'information et de la communication, que le mauvais entretien et dame Nature rendent assez souvent impraticable.
Une personne issue du milieu pauvre de Nargis va entrer dans l'histoire dans l'été 1792. Elle s'appelle Anne QUATSAULT.
Anne est la fille légitime de Antoine QUATSAULT manouvrier et de Anne MARSAN, tous deux déjà parents de quatre enfants. Elle est née à Nargis le 27 septembre 1775 ; orpheline à l’âge de trois ans, elle est placée dans une famille à Châlette. En juillet 1792, elle garde un troupeau de vaches en bordure de la forêt lorsque quelques unes s’enfuient. Menacée pour cela de pendaison par un garde forestier, elle s’enfuit en direction de Paris.
A Fontainebleau, lasse de ne pas trouver d’emploi, elle prend le prénom de son frère, Jean et s’enrôle dans la brigade d’artillerie de Seine et Oise. Elle y apprend l'exercice, à monter à cheval, à conduire et bientôt elle fait partie comme charretier du Train de batterie d'artillerie légère. Ses premières campagnes s'effectuent en Vendée.
Elle participe avec ardeur aux combats. Mais Anne est grièvement blessée à la cuisse. Sans connaissance elle est transportée à l'ambulance. Fiévreuse, affaiblie, elle ne peut se soustraire à la visite du chirurgien qui découvre la vérité.
La nouvelle se transmet comme une trainée de poudre. Toute l'armée sait qu'une femme a servi sous l'uniforme d'artilleur et qu'elle fait partie des meilleurs qui ont servi avec ardeur et courage. Le général Fromentin se rend à son chevet pour l'interroger, suite à sa blessure. De son enquête, il ressort que personne ne connaissait la véritable identité de Jean Quatsault.
Le général la félicite, lui accorde un congé, mais refuse de la reprendre dans l'armée.
La convalescence d'Anne se prolonge tout l'hiver 1793. Au printemps 1794, elle arrive à Paris, dans son uniforme en loques. Elle se présente au Comité de la guerre où elle rencontre le citoyen Gossuin, chargé de mission de l'Armée du Nord. Après enquête faite auprès du général Fromentin, Anne reçoit du Ministère de l'Intérieur une provision de 150 livres. Le 3 floréal an II, Gossuin raconte l'histoire d'Anne à la Convention Nationale.
Elle se marie à Montargis et ouvre avec son mari, Pierre Léonard Bayer, une auberge « l’auberge de la Mère Quatre Sous ».
L'invasion de 1814, lui fournit l'occasion de se faire remarquer à nouveau.
Des Bavarois cantonnés à Montargis étaient logés chez l'habitant. L'auberge d'Anne en abritait quatre, qui s'y nourrissaient amplement aux dépens de leur hôtesse, occupation oblige. Un jour que notre aubergiste est seule au logis, les Bavarois enhardis par l'absence du mari, exigent quatre bouteilles de vin. D'un signe, elle leur fait comprendre de donner d'abord la monnaie. Entrant dans une grande colère, ils la menacent verbalement, et voyant le peu d'effet produit sur Anne, tirent leurs armes de leurs fourreaux. Ils s'élancent sur Anne, pour lui donner des coups de " plat de sabre". Son sang ne faisant qu'un tour, elle s'empare d'un fusil muni de sa baïonnette, retrouve son ardeur d'artilleur, fonce sur ses agresseurs, en blesse deux alors que les deux autres s'enfuient.
Ce sera toujours une femme de caractère. Après une vie laborieuse, et mouvementée, elle décède à Montargis le 6 mars 1843.
Une rue de Nargis lui a été dédiée à l'occasion du bicentenaire de la révolution.
2 Michel FAUVIN, Nargis, le temps des désordres, Amilly, 1996
Le 11 novembre marque la fin des combats de la première guerre mondiale et le début du retour des poilus dans leurs foyers.
Le plus jeune avait 19 ans : Maurice Gauthier de la classe 1919 mort le 18 mars 1919 au domicile de ses parents d’une broncho pneumonie.
Le plus âgé avait 39 ans : Lucien Billault décédé le 13 septembre 1915 à l’hôpital.
Ils s'appelaient :
AMAURY Camille BEIGNET Joseph BILLAULT Lucien BOURSIER Adrien BRICON Edmond CAILLETTE Pierre CHARREAU Marie CHAUSSY Georges COLINON Georges DEBEURRE Henri DERUET Marcel DERUET Raymond FOURNIER Elie |
GAGNON André GARREAU Paul GAUCHER Maurice GAUTHIER Maurice GOLLEAU Eugène GOLLEAU Georges GOURDET Eugène GUILLON Gustave GUILLON Paul GUILLON Raymond LABOURSE Alphonse LABOURSE Amédée LEBOEUF Auguste |
LELOUP Félix LELOUP Léon MARTIN Théophile MICHOT Marcel PAJOT Alphonse PAJOT Charles POTEAUX Alphonse POUY Louis POUY Raymond PROCHASSON Léon RADEAU Marcel SEGUIN Paul SIMON Camille |
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Le monument aux morts de Nargis a été inauguré le 20 novembre 1921 par la mairie, suite à une souscription auprès des habitants car les ressources communales ne permettaient pas un tel financement.
Il est situé sur la place de l’église.
Cécile Conil est née à Aix -en- Provence le 22 novembre 1886, dans une famille bourgeoise de cinq enfants ; son père est avocat, sa mère Rose est la sœur cadette du peintre Paul Cézanne. Elle reçoit une éducation stricte à l’institution catholique de Notre Dame de Sion. Le Jas de Bouffan, propriété familiale peinte par Paul Cézanne, accueille dans son grand parc ombragé Cécile et ses frères et sœurs pour les vacances. A une époque où ce n’était pas encore très fréquent, la jeune Cécile suit des cours de philosophie à la Faculté, tout en passant son diplôme d’infirmière de la Croix Rouge, ce qui alors est réservé "aux jeunes filles de bonne famille".
Quand la guerre éclate, elle est « prête à servir » et s’y consacre pendant 5 ans, tout d’abord dans sa ville natale, puis à Nice pour y soigner, à l’Ermitage, les blessés des yeux. En 1916, elle pense pouvoir être plus utile à son pays et, pour mieux servir la France, s’engage et part au front.
Parmi les 3000 infirmières recensées dans les hôpitaux militaires d’évacuation situés en arrière des lignes, elle est l’une des sept françaises à assurer le service des "autochir" - automobile chirurgicale- et se trouve au cœur même du danger. Avec l’ambulance numéro 7 du Professeur Lardennois, elle parcourt deux ans durant, les champs de bataille de l’Oise, de la Somme, se dévouant auprès de tous les blessés, en leur apportant soins et réconfort.
Elle est citée huit fois pour « son inlassable dévouement et son courage exemplaire » comme on peut le lire sur son Livret de Dame Infirmière avant d'être démobilisée à St Quentin où elle était entrée avec les troupes.
En 1919, infirmière à l’hôpital de BERCK dans le Nord, elle fait la connaissance de Georges Belin, natif de Nevers et ancien élève des Beaux-Arts de Bourges. Uni en 20, le couple s’installe dans les Landes où, en tant que GIG –grand invalide de guerre-, Georges est nommé receveur des PTT. L’aggravation de l’état de santé de Georges, auquel le climat du midi est recommandé, les conduit à s’installer à Grasse, dans les Alpes Maritimes, où Georges décède prématurément en 1933. Veuve de guerre, Cécile reprend du service à la Croix Rouge de Nice. Lorsqu’en 1939, la seconde guerre éclate, Cécile s’engage à nouveau. On la retrouve sous l'uniforme Officier infirmière en poste en Allemagne, puis affectée à l’organisation de chantiers de jeunes en forêt de Fontainebleau. Elle reviendra à Nargis en 1950, pour y couler une vie simple et discrète, toujours attentive aux autres. Elle retrouvera le midi de sa jeunesse quelques hivers avant de s’y installer définitivement. Elle mourra à 94 ans à Dieulefit dans la Drôme, sa maison de Nargis restant dans la famille.
3 Recherches effectuées par Madame Péron Bernadette, conseillère municipale, pour l'exposition "de Nargis à Verdun" qui a eu lieu en 2014.
Jeanne est née le 12 février 1911 à Gourdon dans le Lot. Fille de Henry Dauliac, maçon âgé de 38 ans et de Lavaysse Eugénie âgée de 35 ans. Après avoir été élève à l’école communale de Gourdon, elle entre à l’école normale pour devenir institutrice. Elle est nommée tout d’abord à Floirac puis les difficultés du recrutement la conduisirent dans le département de l’Eure et enfin dans le Loiret. Jeanne se marie à Gourdon le 1er août 1931 avec Maurice Jean François Verdier, lui aussi instituteur. Le 20 juin 1935, ils ont un fils Claude né à St Maurice sur Aveyron (45). Le 1er octobre 1937, M. et Mme Verdier furent nommés à Nargis.
La seconde Guerre Mondiale surprend les VERDIER à Nargis.
Maurice et Jeanne entrent dans une organisation de Résistance, le réseau Etienne Leblanc (Buckmaster).
La maison d’école de Nargis devient un lieu de rassemblement des membres du réseau et l’un des lieux d’hébergement de la radio britannique Vera Claudie Rolfe qui émettait avec Londres. Jeanne et Maurice sont arrêtés par la Gestapo le 31 juillet 1944. Leur fils Claude âgé de 8 ans est recueilli par le Maire de Nargis.
Internés à Orléans et Fresnes, Maurice et Jeannette sont séparés le 15 août 1944 pour être dirigés vers BUCHENWALD pour lui et pour RAVENSBRUCK pour elle.
A RAVENSBRUCK, Jeanne porte le matricule 57.957. Elle n’est plus qu’un simple numéro, une esclave. Enceinte de son second enfant, elle connut successivement les camps de TORGAU (fin septembre - début octobre 1944) et de KOENIGSBERG (novembre 1944 au 17 janvier 1945) pour être renvoyée à nouveau à RAVENSBRUCK (17 janvier au 30 mars 1945) où elle accoucha d’un fils le 18 février 1945 décédé le 20 février 1945.
Maurice Verdier est emmené rue Eugène Vignat à Orléans, puis à Fresnes, d’où il part le 15 août 1944 pour BUCHENWALD. En novembre 1944 il est à DORA puis plus tard à ELLRICH, où il meurt le 15 décembre 1944, d’une congestion pulmonaire auprès de Ségelle, son chef de « Libération Nord ».
Ce temps de déportation a mis à rude épreuve la santé de Jeanne et c’est très malade et très affaiblie qu’elle retrouve enfin le 27 juin 1945 le chemin de la France et de la Liberté. Elle est hospitalisée à Paris à l’hôpital Bichat ou elle apprend la mort de son mari Maurice, puis à l’hôpital de Montargis et enfin au sanatorium de Sainte Feyre ou elle décéda le 18 avril 1947. Elle avait 36 ans.
"TU N’ETAIS QU’UNE PETITE FEMME ET TU ETAIS UNE GRANDE FRANCAISE " : Marc Baudru, Maire de Gourdon, Conseiller Général du Lot devant la tombe de Jeanne Dauliac-Verdier le 22 avril 1947.
Une salle communale -l'ancienne école de NARGIS- porte le nom de "salle Jeanne et Maurice VERDIER" depuis le 7 mai 2011. Notons qu'un lycée professionnel à MONTARGIS se dénomme "Lycée Jeannette Verdier".
1944 Mission en France : opérateur radio pour le réseau HISTORIAN dirigé par George Wilkinson «Étienne», dans la région d'Orléans (Loiret). Son nom de guerre est « Nadine ».
Dans la nuit du 5 au 6 Avril, Lilian Rolfe est déposée près de Tours par un Lysander. Son travail consiste à envoyer les messages radio du maquis à Londres à partir de différents endroits dans la région. En trois mois, elle enverra 67 messages à Londres. Au-delà de ses missions de transmission radio, cela implique de faire rapport sur les mouvements de troupes ennemies, d’organiser les parachutages d’armes et de fournitures. Elle participe activement à des missions avec les Résistants contre l’occupant.
Le 31 Juillet, les policiers font une descente dans la maison où elle demeure et émet, à Nargis, Loiret, chez les instituteurs Maurice et Jeannette Verdier. Elle est arrêtée.
Transportée à la prison de Fresnes, au sud de Paris, elle est soumise à de nombreux interrogatoires et à des tortures brutales. En Août elle est déportée au camp de concentration de Ravensbrück. Selon l'aveu d'un officier allemand après la guerre, elle est alors si malade qu’elle ne peut pas marcher.
Le 5 février 1945, Lilian Rolfe âgée de 30 ans est exécutée (pendue) par les Allemands et son corps est jeté dans un four crématoire.
4 Recherches effectuées par Madame Péron Bernadette, conseillère municipale, pour l'exposition " Nargis se souvient 1939-1945" qui a eu lieu en 2009 et l'exposition sur les époux Verdier en 2011.
Les habitants de Nargis s'appellent les nargissiens.
Evolution de la population :
En 1954 : 649 habitants
En 1990 : 951 habitants
En 1999 : 1128 habitants
En 2005 : 1271 habitants
En 2012 : 1387 habitants
En 2015 : 1439 habitants
En 2022 : 1501 habitants